Aller au travail à vélo, on y pense tous de plus en plus. Mais concrètement comment faire le grand saut ? Quel modèle de vélo choisir, comment l’entretenir ?
Nous avons demandé ses conseils à un spécialiste en réparation de vélos, Romain Jacquemet, « La Renocyclette » à Lyon.
Quels conseils donneriez-vous, aux personnes qui souhaitent changer leur mode de déplacement et faire l’acquisition d’un vélo pour se rendre au travail ?
« Il me semble assez judicieux de vérifier si l’on a de quoi garer son vélo en toute sécurité. D’autant plus s’il paraît assez neuf, que ce soit à son domicile ou à son travail. Regarder ensuite quel trajet va être effectué, dans sa distance comme dans son dénivelé. Enfin, voir si le vélo peut servir à autre chose que le trajet quotidien pour aller au travail. C’est-à-dire par exemple, à des sorties sur d’autres types de routes.
Pour un trajet court, sans dénivelé, destiné au milieu urbain, avec parking dans la rue, on choisira un vélo de ville d’occasion avec peu de vitesses. Si l’on souhaite un vélo plus polyvalent qui est garé de façon sécurisée, privilégier un VTC neuf ».
Comment décririez-vous le marché du vélo ? (Vélo de ville, vélos de courses, vélo à assistance électrique). Quels sont les prix moyens à l’achat neuf, d’occasion et le coût de l’entretien ?
« Le marché du vélo, pour ce qui me concerne, est essentiellement centré sur l’entretien et la réparation de vélos qu’ils soient anciens ou récents. Les premiers entretiens commencent à 35€.
Pour ce qui est de la vente, la tendance est au vélo de ville et le passage au VAE (Vélo à Assistance Electrique). Il faut compter autour de 200€ pour un vélo d’occasion entièrement restauré avec des consommables neufs. Pour les vélos neufs, le prix varie entre 350€ et pas loin de 2700€ pour un bon VAE.
Notez qu’un vélo doit absolument faire l’objet de réglages précis et de tests avant sa première utilisation. Et le vélo neuf ne déroge pas à ces règles, puisque qu’elles ont un impact dans son bon fonctionnement, en limitant les problèmes d’usures prématurés des pièces mécaniques dû à de mauvais réglages au départ.
Attention donc aux grandes surfaces et aux sites Internet qui ne font qu’au plus déballer le vélo et vous le vendre, contrairement aux services proposés par un artisan, qui plus est de proximité, en vue des futurs entretiens ».
Avez-vous remarqué une évolution du secteur dans les 10 dernières années ? (Innovations, nouvelles pratiques, etc)
« D’après les derniers chiffres, les usagers du vélo sont de plus en plus nombreux en centre-ville. Déconfinement et situation sanitaire aidant, cela confirme une tendance qui coïncide avec l’apparition des vélos en libre service il y a déjà plusieurs années.
Concernant les pratiques, je remarque que les trajets domicile-travail en vélos sont de plus en plus plébiscités.
J’estime que plusieurs leviers ont été enclenchés dans la progression de la pratique du vélo. Les politiques autour des modes doux avec de nouvelles pistes cyclables notamment, jusqu’à la démocratisation du VAE par son prix. ».
L’entretien du vélo, concrètement ce qu’il faut savoir, que faut-il faire ?
« Un vélo peut transporter environ jusqu’à 10 fois son poids ! Contrairement à une voiture pesant plus d’une tonne et qui transporte quelques dizaines de kilos. C’est donc un objet assez fragile qui demande quelques attentions.
L’entretien d’un vélo consiste à prévenir plutôt que guérir. Si l’on parle des freins par exemple, cela reviendrait à dire de remplacer les câbles et gaines qui seraient oxydé, avant qu’un des câbles de frein lâche.
Dès lors, il est judicieux de planifier des entretiens réguliers afin de rouler en toute sécurité et ce, sur une périodicité liée aux habitudes et au lieu de stockage. En effet, un vélo stocké en milieu hostile (rue ou cave humide) demandera plus d’attention.
Lorsque l’on utilise un vélo, 4 grandes familles fonctionnent de concert : les roues, le freinage, la transmission et la direction. Nous sommes en présence d’assemblages mécaniques assez simples, avec des composants qui tournent les uns avec les autres via des jeux de fonctionnement. Par de simples contrôles périodiques en bringuebalant ces composants (roue sur son axe, pédalier sur son axe, guidon sur son axe), l’usager peut établir un diagnostic de la santé de son vélo en constatant les usures qu’ils seraient bien de rectifier. Il en va de même pour l’usure des patins par un contrôle visuel, le ressenti des leviers de freins par la souplesse du glissement des câbles dans leur gaines ou de bruits dans la transmission.
Mais encore une fois, l’usure mécanique sur le vélo est tout à fait naturelle et les déréglages réguliers encore plus en milieu hostile. Son état est aussi rapidement perceptible. Il est donc important de prendre en considération ces aspects et prévoir les entretiens associés avant que les difficultés n’arrivent inévitablement ».
Voir l’article : « La révision du vélo avant la reprise en 10 points »
J’ai un vélo, je souhaite le faire remettre en état. Pouvez-vous nous éclairer sur vos services ?
« C’est un peu comme chez le docteur, sans la douleur. Lors du rendez-vous d’un contrôle de routine, l’entretien le plus adapté sera préconisé. Sinon, un diagnostic est établi pour confirmer les premiers symptômes ressentis. De là, un devis est établi et la réparation réalisée ».
Depuis combien de temps faites-vous ce métier ? Diriez-vous qu’il y a pénurie de mécaniciens-réparateurs de vélos en France ? Comment apprend-on votre métier ?
« Je fais ce métier depuis bientôt 5 ans; et je constate qu’il y a pénurie de mécaniciens vélo en France, puisque les délais d’intervention augmentent. C’est pour cela que devrait voir le jour une « Académie du vélo ». Nous l’espérons en 2021 aux côtés des centres de formation qui préparent aux métiers du cycle ».
Votre conciergerie vous aide à trouver le réparateur de vélo à proximité de chez vous
Interview de Romain Jacquemet, « La Renocyclette » à Lyon, réalisée par Delphine Escolin (conciergerie de Lyon).
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