Par Cécile TAUVEL (co-fondatrice de La Minut’Rit)
Lors d’une conférence sur le thème : « l’innovation peut-elle être source de transformation positive de la société ? », j’ai eu la chance de rencontrer Jacques Huybrechts (fondateur d’Entrepreneurs d’Avenir). Je partage avec vous l’échange que j’ai pu avoir avec lui :
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ainsi qu’Entrepreneurs d’Avenir ?
Je suis dirigeant d’une entreprise depuis une vingtaine d’années qui s’appelle CHK. Son métier est la conception et l’organisation d’évènements. En particulier 2 événements qui alternent tous les ans :
- « La Cité de la réussite » à la Sorbonne qui réunit plus de 100 intervenants : ce sont des échanges et des débats qui ont lieu pendant deux jours
- « L’Université de la Terre » lancée avec Nature et Découvertes : cycle de conférences ouvertes au grand public, qui a lieu à l’UNESCO.
En 2009, a eu lieu le lancement du Parlement Entrepreneurs d’Avenir. L’idée est de réunir des entrepreneurs engagés, des entrepreneurs qui essaient de concilier à la fois performances économique, sociale, sociétale et environnementale.
Depuis, plusieurs éditions ont eu lieu. La prochaine se déroulera à l’Unesco fin 2015 pendant la COP 21.
Sous quelle forme est actuellement « Entrepreneurs d’Avenir » ?
Au départ, il s’agissait d’un événement qui réunissait des entrepreneurs qui partagent les mêmes valeurs que moi. À l’issue du Parlement en 2009, ces entrepreneurs ont eu la volonté d’échanger et de créer leur rapprochement grâce à un réseau social et des groupes de travail. La prochaine phase, à l’occasion du prochain parlement, est celle de la création d’une association avec l’objectif d’aller un peu plus loin. Finalement, on est passé d’un évènement, à un réseau puis à une association.
Quelles sont les valeurs partagées par les Entrepreneurs d’Avenir ?
Les valeurs sont résumées sur notre site.
Ce que l’on partage tous, c’est que nous avons conscience que notre entreprise a une responsabilité plus large que notre activité et que nous devons nous demander quelles sont les conséquences sur nos parties prenantes. Nos activités ont un sens et une valeur humaine. Nous partageons les fruits de la valeur créée. Il ne faut pas oublier de prendre en compte le temps long.
Avez-vous l’impression que les choses évoluent dans le bon sens ou que le chemin à parcourir est encore long ?
Je suis optimiste, je pense qu’il y a une prise de conscience et que la RSE est de plus en plus intégrée par les entreprises. On constate l’émergence de l’économie sociale et solidaire avec les entrepreneurs sociaux et la prise en compte des enjeux de la société dans l’économie. Par ailleurs, avec les évolutions législatives, les grandes entreprises ont l’obligation de reporting concernant ces enjeux de RSE. Donc cela évolue dans le bon sens. Cependant, l’économie tourne toujours selon des critères, qui sont purement financiers. L’économie s’est financiarisée. Des fonds d’investissement sont entrés dans les entreprises. De ce point de vue, cela n’avance pas assez vite.
Selon vous, qu’est-ce que le « happy business » ?
Au départ, il s’agissait de créer des occasions de rencontres plus informelles. Les entrepreneurs qui y participent, portent les mêmes valeurs, souhaitent travailler et faire du business entre eux. 40 à 50 participants partagent pendant deux ou trois heures, ce qui crée le lien entre eux. La prochaine aura lieu le 27 mars à Paris.
Y-a-t-il un Happy business en général ? Au regard des Entrepreneurs d’avenir, oui : un business éthique qui porte des valeurs fortes. Mais la seule bonne humeur n’est pas suffisante pour faire un Happy business.
La conférence que vous animiez parlait d’innovation. On innove avec l’idée d’améliorer l’existant afin de progresser et d’évoluer. Cet instinct nous pousse vers la nouveauté, mais comment peut-on qualifier une innovation de progrès pour la société ?
L’innovation porte en elle le meilleur et le pire. Une innovation responsable c’est quand on se demande en quoi l’innovation est porteuse de sens pour l’activité et pour la société. C’est une démarche exigeante. Toute innovation doit être soutenue? Cette question est peu posée. Il faut définir des critères d’innovation responsable car tout n’est pas souhaitable.
Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent entreprendre ?
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Aujourd’hui, on favorise l’entrepreneuriat des jeunes. Je l’encourage évidemment, même si chacun doit respecter son rythme. L’avantage, quand on est jeune, c’est qu’on a l’énergie et un degré d’insouciance primordial pour entreprendre.
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Faire un point sur ses forces et faiblesses afin de demander des conseils. D’ailleurs, j’ai l’impression que les femmes ont plus de facilités à demander des conseils.
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Prendre sa chance, y aller et être lucide. Si cela ne marche pas, il faut savoir s’arrêter à temps et puis recommencer !