Lucille GUDER, étudiante à Neoma Business School (spécialisation entrepreneuriat), rédige actuellement un mémoire sur le thème :
« Les femmes et l’entrepreneuriat en France : Pourquoi sont-elles encore si peu nombreuses ? »
Parmi les 8 témoignages qu’elle doit recueillir, elle a souhaité interviewer Cécile TAUVEL, co-fondatrice de la Minut’Rit. Voici un extrait de l’interview :
Pour commencer Cécile, pouvez-vous me raconter un peu vos débuts ? Comment avez-vous eu le déclic ?
Je savais que je voulais entreprendre depuis assez longtemps car je suis issue d’une famille d’entrepreneurs. Pour moi, c’est quelque chose d’assez normal quand on aime être autonome et indépendant.
Je suis rentrée en 2008 à l’école de commerce et j’ai choisi le parcours avec l’apprentissage, car je voulais être rapidement sur le terrain. J’ai trouvé un apprentissage chez GRANDDE (association qui promeut le développement durable en Normandie), mes missions étaient très diverses, ce qui m’a beaucoup appris pour l’entrepreneuriat.
L’entrepreneuriat est un rythme de vie qui me plait beaucoup.
J’avais en tête de rejoindre la majeure entrepreneuriat, et je voulais que mon projet de fin d’étude soit ma future entreprise. J’ai alors convaincu trois autres étudiantes de travailler sur ce projet. Elles ont toutes été très motivées, avec des qualités et des compétences différentes. Pendant ce temps, Antoine était sur le terrain, et commençait à rencontrer des prospects sur le Havre. Nous avons eu la chance de remporter le prix de la majeure. C’est alors que nous avons décidé de tenter l’aventure. L’étude de faisabilité était en faveur de notre projet, mais j’ai choisi de continuer mon travail au sein de GRANDDE en parallèle. C’était assez dense, il fallait bien gérer et s’organiser.
Nous avons lancé notre entreprise en Juin 2012 avec notre premier client. Nous sommes entrepreneurs mais nous sommes très vigilants et limitons les risques au maximum. C’est notamment une caractéristique partagée par de nombreuses femmes. Elles sont plus prudentes et ont donc plus de chances de tenir sur la durée : il y a peut-être moins d’entrepreneurEs mais elles sont plus solides…
Dès le de départ, nous étions très bien entourés, notamment par nos familles. Nous avions leur soutien, nous pouvions échanger avec eux et parler de nos succès et de nos doutes. Il ne faut pas oublier que l’isolement est un des principaux risques pour tout entrepreneur.
Pouvez-vous me dire comment est né ce projet de couple ?
Antoine ne venait pas de l’univers de l’entrepreneuriat, il a une formation de juriste. Mais quand je lui ai décrit ce qui, selon moi, représentait le métier de chef d’entreprise, il a réalisé que c’était ce qu’il voulait faire. Nous avons décidé de créer ensemble, même si en réalité, il a commencé tout seul sur le terrain. Pour nous, l’entrepreneuriat était vraiment le meilleur moyen de travailler ensemble. Nous sommes complémentaires et avons des missions distinctes.
Et où en est La Minut’Rit aujourd’hui ?
Elle a bien grandi ! Aujourd’hui, je développe le concept en franchise. J’accompagne des entrepreneurs et cela me plait énormément. Le hasard a fait que les trois premières franchisées soient des femmes. Je peux constater qu’elles n’ont pas la même façon d’entreprendre que les hommes.
Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?
D’abord, il faut préciser qu’il est différent d’entreprendre en franchise ou d’entreprendre seul, cela est plus sécurisant.
Il y a des différences entre hommes et femmes concernant l’entrepreneuriat. A mon avis, les femmes ont plus conscience du besoin de concilier leur vie de famille avec leur vie d’entrepreneure.
Faites-vous partie d’un réseau de femme ?
Personnellement non. Nous faisons partie du Réseau Entreprendre. Comme nous entreprenons en couple, je ne me considère pas forcement comme une entrepreneure femme seule. Mais je pense que ces réseaux féminins sont bénéfiques et je les conseille beaucoup à mes franchisées. Il faut s’entourer au maximum. Les femmes n’ont pas à vouloir être identiques aux hommes. Être une femme peut aussi constituer un avantage. Puisqu’il y a moins de femmes entrepreneurs, on nous remarque plus et on s’intéresse plus à notre parcours.
Alors finalement, diriez-vous qu’être une femme est plutôt un avantage ? Un inconvénient ?
Cela ne me gêne pas du tout d’être une femme entrepreneure car je suis bien entourée, je n’y ai pas vraiment vu d’inconvénients pour l’instant. Entreprendre en couple est également une vraie force pour nous car nous pouvons nous épauler l’un l’autre.
Ce que vous adorez dans votre travail ?
J’aime le fait que l’entrepreneur ne sait jamais vraiment ce qu’il aura à faire dans la journée ! C’est extrêmement varié, nous ne nous ennuyons jamais. Nous apprenons tous les jours et rencontrons beaucoup de personnes différentes. J’aime le challenge, la variété des missions et le fait de résoudre des problèmes.
Selon vous, quels seraient les moyens efficaces pour augmenter le nombre de femmes entrepreneures en France ?
Je pense que cela passe surtout par la sensibilisation : il faut démystifier l’entrepreneuriat, dire que si on a l’envie, on peut entreprendre qu’on soit fille ou garçon, à n’importe quel âge. Certes, ce n’est pas facile, on prend beaucoup de risques, mais cela est tellement enrichissant sur le plan personnel ! Concernant le fait que les femmes créent plutôt de petites entreprises, cela ne me choque pas, on ne peut pas forcer les femmes à créer de plus grosses entreprises, l’important est de s’épanouir !