Début juin, nous avons publié un article sur l’entrepreneuriat féminin. Nous faisions référence à Pauline LAIGNEAU, co-fondatrice de Gemmyo, marque de joaillerie en ligne, qui a accepté de répondre à quelques questions.
Bonjour Pauline, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre entreprise Gemmyo ?
Gemmyo est une marque de joaillerie qui rend la joaillerie de qualité accessible, moderne et addictive alors qu’elle était jusqu’à présent réservée à une élite. Nos clients sont donc tout simplement des personnes qui veulent un bijou de très grande qualité, mais ne se reconnaissent pas dans l’ADN des grandes maisons de joaillerie pour plusieurs raisons :
Le prix d’abord est évidemment un frein (qui de nos jours veut payer au travers de son bijou les coûts d’une campagne d’affichage avec Sophie Marceau ?) Nous, notre égérie chez Gemmyo, c’est un petit chaton rose, tout mignon, qui porte en guise de couronne l’un de nos bijou iconique : la bague Ariane Pavée.
 L’expérience aussi : souvent vieillotte, parfois même intimidante et en tout cas très formelle, on se sent rarement à l’aise dans une joaillerie. Chez Gemmyo, nous gardons un service irréprochable mais en le faisant dans la joie et la bonne humeur. Passez à notre showroom vous verrez ce dont je parle : Amélie, notre responsable de boutique, n’est pas une vendeuse. C’est un membre de l’équipe Gemmyo à part entière qui est là pour vous guider et vous conseiller, comme le ferai l’une de vos copines qui s’y connaît en joaillerie.
Enfin, la création, qui s’adresse principalement aux populations des pays émergents ou à des ultra riches, pas tellement à vous ou moi. Aujourd’hui une jeune femme de 30 ans quand elle se fait offrir une bague souhaite avant tout que de l’élégance raffinée, une forme de discrétion, quelque chose qui lui ressemble. Elle n’a pas envie de se faire arracher le doigt dans le métro parisien !
Comment êtes-vous devenue entrepreneure ?
Rien ne me prédestinait à entreprendre : avant de créer Gemmyo, je terminais des études pour être prof ! Mais un jour j’ai eu un déclic : je me suis rendue compte que ce qui me faisait vibrer ce n’était pas du tout l’enseignement, mais le risque, l’aventure et la création. Après plusieurs mois de remises en questions, je me suis donc orientée vers l’entrepreneuriat…car s’il y a bien un métier qui est fondé sur le risque et l’aventure, c’est bien celui d’entrepreneur ! Ensuite, l’idée de Gemmyo m’est un peu « tombée dessus » lorsque mon compagnon de l’époque m’a demandé de l’épouser. Nous avons fait le tour de beaucoup de joailleries, avons été déçus par l’expérience et par l’offre, chère et limitée à du diamant… l’idée de Gemmyo était né.
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Aujourd’hui une vingtaine de personnes travaillent au quotidien pour Gemmyo. Comment travaillez-vous avec votre équipe ?
On a commencé il y a quatre ans dans mon appartement. C’était vraiment avec les moyens du bord! Mais quand on a eu les moyens de changer, on l’a fait, seulement on a voulu garder le même état d’esprit, quelque chose de très familial, authentique. Aujourd’hui l’équipe Gemmyo travaille dans des bureaux qui ont la forme d’un appartement, une sorte de grand open space convivial, avec jeu de fléchettes et déco improvisée et coin canapé.
Gemmyo est une marque assez atypique car il s’agit avant tout d’une aventure familiale et amicale : j’ai créé l’entreprise avec mon mari, Charif, son frère, Malek et Fanny, une amie de longue date. Quand on va au travail, c’est un peu comme si on était à la maison : cela garantie d’avoir une excellente ambiance, studieuse mais fun et surtout de se dire les choses vraiment comme elles sont, sans tabou. Je pense que c’est une grande force et nous faisons en sorte de traduire cela aussi avec tous les autres membres de l’équipe afin que chacun se sente vraiment partie intégrante de la « famille ».
Parce qu’une entreprise ne peut se développer sans partenaires, quelles relations avez-vous tissées avec eux ?
Nous attachons énormément d’importance aux relations que nous tissons avec nos partenaires. La joaillerie est un secteur assez fermé, souvent constitués d’héritiers du secteur – ce qui n’est pas du tout notre cas – et où il est donc difficile de se faire une place et d’être accepté. Pour y arriver, cela a pris beaucoup de temps, et nous avons dû gagner petit à petit la confiance de nos partenaires. Cette confiance a mis du temps à s’établir, mais l’avantage c’est que maintenant qu’elle a été construite, nous avons des relations particulièrement chaleureuses et saines avec la plupart de nos partenaires. Eux aussi à leur manière font partie de l’aventure Gemmyo et sont contents d’y participer je pense. Il y en a même certains qui disent maintenant avec fierté « nous étions les premiers à croire en vous » !
Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent entreprendre ?
« N’écoutez pas trop les conseils qu’on vous donne, c’est vous qui connaissez votre entreprise, vos clients, c’est vous qui avez une « vision ». Les gens autour de vous sont bien intentionnés en général, mais ils ne peuvent pas connaître votre business comme vous. Ils n’ont pas en tête vos contraintes, vos ambitions. Ils ne connaissent pas vos clients. Si vous demandez des conseils à tout le monde autour de vous, vous aurez des avis contradictoires qui vont certainement vous paralyser et vous empêcher de prendre votre décision ».
Pour parvenir au succès que connaît Gemmyo, vous travaillez beaucoup… comment parvenez-vous à concilier vie personnelle et vie professionnelle ?
J’ai la chance – ou la malchance je ne sais pas ! – de ne pas trop avoir à me soucier de concilier vie professionnelle et personnelle. En effet, je travaille avec mon mari. Pour être tout à fait honnête, à ce stade de ma vie et de ma carrière, j’ai pour objectif prioritaire de faire de Gemmyo une marque référente de joaillerie. C’est ce pourquoi je me lève le matin et mon mari, Charif aussi. Nous sommes totalement alignés là -dessus.
Assez clairement nous travaillons beaucoup, depuis quatre ans maintenant et parlons aussi beaucoup de Gemmyo, quasi tout le temps en fait…le matin au réveil, au déjeuner, le week-end, même parfois en vacances. De temps en temps bien sûr nous ressentons le besoin de faire une petite coupure et faisons donc en sorte d’avoir d’autres activités que le travail qui nous défoulent vraiment : le sport, les voyages etc. Mon conseil à ce sujet est de ne pas être dans la demi-mesure pour ne pas se sentir frustrer ! Les anglais le disent assez bien : « work hard, play hard » !
Un grand merci à Pauline pour cette interview qui donne envie d’entreprendre !